∞ 1. Es-tu satisfait de ta vie actuelle? Te sens-tu heureux?

L'être humain est un être impossible à satisfaire. Alors non, ma vie actuelle ne me satisfait pas. Il y a bien des choses positives, je ne vais pas dire que tout est pourri mais quand même... il y a en général plus de choses négatives... et ce depuis des années. Je ne suis pas heureuse à en sauter de joie chaque matin, chaque minute... mais quelques évènements me donnent le sourire : réveiller mon fils le matin, accueillir un nouveau né, un cinnamon dolce latte pendant une pause au boulot... Alors voilà, ma vie n'est pas exaltante mais je m'en contente.

∞ 2. Si tu pouvais changer un ou plusieurs éléments dans ta vie, lequel/lesquels choisirais-tu?

Aucun. Les regrets ne servent à rien, même si j'ai dû subir plusieurs épreuves dans ma vie, elles ont toutes été nécessaires pour que j'avance dans ma vie. Après si il faut réellement en choisir un... je crois que je dirais... mon mariage précipité. On était jeunes et idiots... on pensait que c'était la meilleure chose à faire et on s'est fait beaucoup plus de mal que de bien... La seule bonne chose qui en est ressortie : mon fils.

∞ 3. Aujourd'hui, on parle beaucoup de "repartir à zéro". Tu en penses quoi toi? Tu serais prêt à le faire?

Je pense que c'est inutile. C'est utiliser de l'énergie, beaucoup d'énergie pour pas grand chose, car le passé revient toujours au galop, que ce soit les secrets, les mensonges... ils nous rattrapent toujours. Je ne serais pas prête à le faire, premièrement parce que je n'aurais pas la patience, deuxièmement je n'aurais pas la force et troisièmement, il y a des choses aujourd'hui que je n'ai pas envie de perdre.

∞ 4. Finalement, si tu pouvais résumer ta vie en cinq mots, lesquels choisirais-tu?

Occupée. Monotone. Fatigante. Familiale. Solitude.

— Samantha, promet moi de rendre ta vie la meilleure possible et d'être heureuse. De ne pas faire comme ta mère...

J'avais vécu toute ma vie dans un coin paumé à une heure de Lafayette en Louisiane, dans une maison qui se détériorait d'année en année. J'y vivais avec ma mère, Dreide une serveuse sans étude, qui passait ses soirées à boire devant la télévision quand elle ne restait pas en ville avec son motard de "petit ami". Ma mère m'avait eu à 20 ans, elle était fiancée, allait quitter son trou paumé pour partir à la grande ville avec son riche fiancé quand elle tomba enceinte. Bien entendu, ça ne plu pas du tout à la famille du fiancé et au fiancé lui même... ni même à la moitié du pseudo village... Elle se retrouva en cloque, sans fiancé à la veille du mariage et autant dire que l'avortement dans un bled pareil n'était pas bien vu. Le caractère principal de ma mère? Son irresponsabilité. Elle ne m'avait jamais désirée et se retrouvait avec un marmot sur les bras alors qu'elle s'était préparée à une vie plus glorieuse. Je pense qu'elle me l'a toujours reprochée d'ailleurs et c'était peut-être pour ça aussi qu'elle finit par me confier à sa mère -ma grand-mère, donc- à l'âge de 10 ans pour qu'elle puisse épouser son motard et partir sur les routes avec lui. Ma grand-mère, Blythe, avait des ressentiments envers ma mère, elle avait imaginé une autre vie pour elle et rien ne s'était passé comme elle l'avait souhaité au contraire. Elle essaya alors de m'éduquer le mieux possible, me transmettant la vocation de la médecine comme elle était infirmière dans le petit cabinet médical du village. Grâce à elle, je finis par avoir envie de faire des études, de réussir ma vie, je voulais aider les autres. Je voulais le faire pour moi mais aussi pour elle qui avait consacré tellement de temps pour moi après m'avoir accueillie.

— Samy, veux-tu m'épouser?

J'avais 20 ans quand mon petit ami du lycée, Jason, me demanda de l'épouser. Nous étions ensemble depuis 3 ans et nous allions devoir quitter notre petit bled pour que je puisse continuer mes études ailleurs. Ma grand-mère n'avait pas vu ce mariage d'un très bon oeil mais elle respectait mes choix et savait que j'étais amoureuse. Elle me fit promettre de ne jamais abandonner mon rêve de devenir médecin et je lui en fit la promesse. Je ne voulais plus être simple infirmière, je voulais sauver des vies porter la blouse blanche. Jason n'avait pas beaucoup d'ambitions... j'en avais assez pour deux! On s'installait à La Nouvelle-Orléans pour que j'entame mes études à l'école de médecine de Tulane. J'avais eu la chance de pouvoir économiser toutes ces années et de recevoir une bourse de mérite m'aidant à financer mes études. J'étais passionnée et j'entrevoyais chaque jour un peu plus une vie heureuse et tranquille pour mon couple.

— Oh la ferme! Qu'est-ce que tu crois Jason? Que ça me plait de me disputer avec toi tous les jours que dieu fait!? T'es vraiment trop con. Mais vas-y! Va te la faire ta pouffiasse. Mais je te promet, tu passes la porte et tu ne nous revois plus jamais.

Enfin, la vie ne se déroule jamais comme on s'y attend, n'est-ce pas? Je travaillais 11h par jour à la faculté de médecine, j'enchainais parfois avec des stages d'observation à l'hôpital universitaire, puis je devais continuer avec les tâches ménagères que mon très cher époux ne prenait pas la peine de faire. Parfois je n'arrivais à dormir que 3h de suite... Jason se plaignait de mes absences, mais comment se justifier quand notre rêve est de devenir médecin et qu'en face de vous, vous avez un homme qui ne fait rien de ses journées. Bon, il étudiait aussi mais son emploi du temps était totalement différent du mien. Il fallait bien qu'un jour où l'autre tout explose. Mais malheureusement, ça n'explosa qu'une fois notre fils, Micah, arrivé dans ce monde de brutes... Après ça, Jason allait voir ailleurs, et je n'allais pas cautionner une telle chose même si c'était en partie de ma faute. Je réalisai petit à petit que nous avions fait une erreur, que nous n'étions qu'un amour de jeunesse qui ne survivait pas à la vie adulte. Il fallait en finir avant qu'on ne se fasse plus de mal à nous même et à notre fils.

— J'ai eu de bonnes références de la part de vos enseignants à Tulane. Nous sommes très heureux de vous accueillir à Seattle Grace, Mademoiselle Flanagan.

Alors j'ai fini par demander le divorce, j'avais 26 ans, j'avais commencé mon internat à Tulane mais je ne pouvais pas rester dans la même ville que Jason. Il essayait par tous les moyens d'éloigner Micah de moi et de me faire passer pour la méchante. Je me savais capable d'être mère et de devenir médecin et j'allais le prouver. Je demandai un transfert dans une autre ville, j’obtins alors Seattle. Ca allait radicalement me changer de la Louisiane. J'arrivais en ville en plein hiver... changement plus que radical, n'étant en rien habituée à la froideur du climat. C'était à ce moment que je savais que ma vie ne serait plus jamais la même. Il faudrait que je me batte pour devenir qui je voulais être et être une bonne mère et accessoirement ne pas finir comme la mienne...

— Aujourd'hui à l'école on a du parler de notre héros préféré. J'ai parlé de toi maman.

Aujourd'hui? Ca fait 5 ans que je suis ici. Ma vie se résume à mon travail et à Micah. Je ne fais rien d'autre, je n'ai pas le temps. Après mon internat j'ai voulu m'orienter vers la pédiatrie étant à l'aise avec les enfants et j'approchai petit à petit de ma titularisation. Ma vie sentimentale? N'en parlons même pas... J'ai des aventures par ci par là, très occasionnelle... mais rien de sérieux. J'ai trop peur de me détourner de mon but, trop peur qu'il me fasse du mal à moi mais aussi à mon fils, qu'on s'attache et que tout finisse encore par exploser... Et pourtant au fond de moi, je ne refuserais pas les caresses quotidiennes d'un homme et peut-être que ça donnerait un autre goût à ma vie monotone...