∞ 1. Es-tu satisfait de ta vie actuelle? Te sens-tu heureux?

Oh, je dois dire que je n'ai pas trop à me plaindre en fait. Je sais qu'il y a des personnes qui sont beaucoup plus malheureuses que moi, donc je ne peux pas dire que ma vie soit si horrible. Oh évidemment, il y a bien l'une ou l'autre chose que je voudrais changer, comme n'importe qui, mais j suis heureux, je suis un homme heureux, qui fait un travail qu'il adore, qui aide les gens, qui a une famille qu'il aime et puis qui a un ou deux bons amis. J'ai quelques soucis évidemment dans ma vie, comme tout le monde, mais je pense qu'on peut clairement dire que je suis un homme heureux, et fier de ce qu'il a déjà accompli dans sa vie.

∞ 2. Si tu pouvais changer un ou plusieurs éléments dans ta vie, lequel/lesquels choisirais-tu?

Je dirais surtout que je voudrais changer mon caractère quoi. Vous voyez, on me traite souvent de surdoué et bien souvent, je suis trop maladroit pour approcher des personnes quand il ne s'agit pas de mon travail. Dans mon métier, je vais très facilement vers les gens pour leur parler de tout et de rien, mais quand il s'agit de ma vie personnelle, je suis un vrai pigeon. Je n'arrive pas à aligner deux mots pour parler à quelqu'un, et en particulier lorsqu'il s'agit du sexe opposé. Avec les filles, je suis un vrai boulet. Quand une fille me plait, je ne vais tout simplement pas vers elle. Mon métier me fait voir des choses horribles tous les jours, et je pense que je fais une sorte de transfert, j'ai parfois l'impression que tous les gens qui m'entourent mourront plus vite que je ne le pense.
Donc voila, ce que je changerais, mon caractère. Je voudrais bien oser davantage aller vers les gens. Me faire des amis. Et peut-être plus...

∞ 3. Aujourd'hui, on parle beaucoup de "repartir à zéro". Tu en penses quoi toi? Tu serais prêt à le faire?

Je pense que je n'ai pas la moindre raison de vouloir repartir à zéro. Ça ne me dit rien et puis je pense que toutes les expériences qu'on a pu vivre, bonnes ou mauvaises, peuvent aider et font de nous ce que nous sommes. Je ne crois pas que je serais capable de repartir de zéro, surtout que je n'ai pas encore vécu de grandes choses et que je voudrais simplement commencer à vivre. S'il y a une chose que je pouvais changer, ça serait certainement pour rendre ma mère heureuse et lui faire comprendre qu'elle a encore de belles choses à vivre.

∞ 4. Finalement, si tu pouvais résumer ta vie en cinq mots, lesquels choisirais-tu?

Fun - travail - solitude - joie - passion

Bonjour! Vous m'entendez? Oui vous! Bonjour!
Je me présente, je m'appelle Aaron, j'ai trente-trois ans et je viens de la belle ville de Seattle. Oui oui, j'ai toujours vécu ici, avec ma mère. Mon père est mort quand j'étais encore dans le ventre de ma mère. Elle a vraiment eu du mal à passer ce cap, mais je suis tout de même né trois mois plus tard, pour le grand bonheur de ma maman qui a retrouvé le bonheur et la joie grâce à ma naissance, même si souvent au cours de mon enfance j'ai pu voir sur son visage qu'elle était triste. C'est normal je suppose quand on perd le grand amour de sa vie. Elle me parlait souvent de lui quand j'étais petit, parce qu'elle voulait sans doute que je sache que mon papa m'aimait déjà beaucoup.
J'ai pas compris pourquoi, je veux dire, il ne m'a jamais vu, il ne sait pas à qui je ressemble, mais il aimait déjà un fœtus dan le ventre de sa femme? C'est plutôt étrange vous ne trouvez pas?
Enfin soit... Vous devez vous douter que la relation que j'ai eu avec ma mère dès ma naissance était forcément très forte. On s'entendait beaucoup, elle me chouchoutait littéralement et en grandissant, elle m'a affublé d'un surnom qui m'est resté: son petit surdoué.
Il est vrai que j'ai toujours eu une intelligence assez développée, principalement parce que je passais le plus clair de mon temps à lire dans un coin de ma chambre plutôt que de sortir avec des amis, de me rendre à des fêtes d'anniversaire ou ce genre de choses.
D'ailleurs, j'ai souvent eu des soucis à l'école, on m'embêtait pas mal, tout ça parce que j'étais un peu différent d'eux et que je n'aimais pas spécialement jouer au football dans la cour de récréation, comme les autres gamins.

A l'adolescence, j'ai assisté à la mort de ma grand-mère, la mère de maman, quand j'avais à peine quatorze ans. Ça a été un véritable électrochoc pour moi, parce que je ne me rendais pas compte de ce que la maladie pouvait faire comme effet sur une personne. Elle n'avait jamais été très sympa avec moi ma mamy, mais une fois qu'elle est tombée malade, elle s'est radoucie et j'ai trouvé ça fascinant. Le comportement humain devant la mort. Elle avait un cancer, et je crois que c'est ce jour-là que j'ai décidé que je voulais travailler avec les gens atteints de cette maladie, que je voulais les aider à rendre leurs derniers jours un peu oins difficiles.
A l'université, j'ai étudié la psychologie dans le but de devenir thérapeute, mais finalement, suite aux bons conseils de ma mère, j'ai décidé de lier mes études avec mon rêve d'adolescent, et je travaille maintenant au Seattle Grace dans le but d'aider les personnes atteintes de cancer de mieux 'en sortir, d'être un support pour eux, de les accompagner, contacter les familles ou ce genre de choses.
Je suis plutôt multitâche. Je fais un tas de trucs différents et j'aime ça, j'aime bien me sentir utile. Ça me change de tout ce que j'ai pu connaitre quand j'étais enfant.

Autant ma vie professionnelle me plait beaucoup, autant je dois dire que du côté de ma vie privée, c'est le calme plat, et ça l'a d'ailleurs toujours été. J'ai bien connu une fille pendant mes études, mais je vois pas trop ce qu'il s'est passé. Elle disait qu'on était simplement pas faits l'un pour l'autre. Bon d'accord...
Mon problème, c'est que je suis plutôt maladroit au niveau de mes sentiments ou de mes paroles. Avec les patients et les collègues, j'ai une confiance en moi plutôt étonnante, je sais ce que je dois dire et comment je dois le dire. Par contre avec les gens en-dehors de l'hôpital, c'est une autre histoire.
Tout comme avec la jolie infirmière de l'étage d'en-dessous. Mais bon, il va bien falloir que j'apprenne un jour, sinon je ne sais pas comment va tourner ma vie. J'aime ma mère, mais je ne veux pas finir seul comme elle. Elle n'a jamais pu se remettre de la mort de mon père, et je crois que je n'ai jamais voulu la laisser seule. Enfin maintenant, il va falloir que je prenne ma vie en main et que je sache ce que je veux vraiment.